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Premiers Doutes - Chapitre 18

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Chapitre 18 - Réveil deux étoiles

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Réveil deux étoiles

De légers crépitements. Un long vrai silence puis comme un bruit de porte électrique.

Doucement Obéron sortait de son sommeil. C’était un réveil très agréable car il se sentait complètement reposé. Il venait de passer là une excellente nuit. À un détail près, il aurait juré qu’il venait de vivre " le réveil parfait ". Le détail ? C’est qu’il ne reconnaissait pas l’endroit où il venait de passer cette " nuit ", plutôt troublant !

Obéron essaya de fouiller sa mémoire mais rien ne venait expliquer sa présence ici. Déjà son rêve s’évanouissait. Que racontait-il déjà ? pensa-t-il en se redressant doucement sur le lit où il se trouvait.

Peu à peu, quelques bribes de son dernier rêve lui revinrent en mémoire.

C’était un rêve sans queue ni tête. Deux mondes s'enchevêtraient de façon inextricable : deux planètes, deux époques, deux personnalités. D’abord professeur d’université puis officier supérieur. La complète incohérence de ce rêve le rendait ininterprétable ! Pourtant celui-ci semblait si proche à présent qu’il ressemblait plus à un mélange de souvenirs qu’à un rêve ordinaire. Et il y avait ce visage de femme qui lui revenait régulièrement. Elle était si belle…

Comment s’appelait-elle déjà ? pensa Obéron comme s’il s’agissait d’une véritable femme.

Un léger bruit sur sa droite lui fit prendre conscience de l’endroit où il se trouvait : il était allongé dans une sorte de couchette de train, assez confortable malgré ses faibles dimensions.

Hormis le petit canon de lumière qui du plafond l’éclairait faiblement et quelques veilleuses sur sa droite, il n’y avait aucune autre lumière autour de lui. Obéron ne savait quelle heure il pouvait être de la nuit, à supposer que ce fut la nuit.

La couchette était confortable mais néanmoins exiguë aussi décida-t-il d’en sortir et de tenter de comprendre ce qu’il y faisait. Il ne pouvait en descendre que par sa droite par une ouverture, aussi longue qu’elle, initialement fermée par une vitre étanche. C’était cette vitre qui s’était ouverte dans un bruit léger de moteur électrique.

Raphaël Obéron se sentait en pleine forme et l’atmosphère était tellement agréable qu’il n’essaya pas de comprendre pourquoi ses souvenirs étaient si chamboulés. Ce qui importait c’est qu’il se sentait extraordinairement bien. Les muscles prêts à l’exercice et l’esprit libre.

En se penchant sur sa droite, il constata que sa couchette se trouvait légèrement en hauteur. Obéron se laissa glisser à terre avec souplesse. Avant même que ses pieds ne touchent le sol, un panneau s’alluma automatiquement au plafond suivi d’un autre alors qu’il faisait quelques pas comme pour tester ses jambes.

Raphaël réfléchit un moment à sa situation. Il se trouvait au milieu d’un couloir long d’une petite trentaine de mètres et doté de part et d’autre de couchettes semblables, dressées par quatre, les unes au-dessus des autres. Il compta par curiosité le nombre de couchettes alignées dans ce couloir, comme si rien ne le pressait de savoir ce qu’il faisait là. Trente-deux par mur, d’où soixante-quatre pour le couloir, toutes rigoureusement identiques : encastrées dans les murs et, à l’exception de celle de Raphaël, fermées par de longues vitres rectangulaires de verre fumé.

L’endroit était agréablement conçu et Raphaël s’y sentit naturellement bien. Il fit quelques pas et de nouveaux panneaux du plafond s’allumèrent.

Sur sa gauche et en hauteur, une couchette s’ouvrit avec ce bruit si particulier. D’abord un bâillement grave puis deux jambes musclées pendantes en travers de la couchette. Enfin une voix virile et gaie :

- Holà, c’est haut !… Ohé, vous ! Comment descend-on de là ?

- Je ne sais pas, ma couchette était à cette hauteur, fit Raphaël sur un ton courtois tandis que son doigt indiquait sa couchette.

- Il doit bien y avoir un moyen d’éviter de sauter ! Je n’ai pas envie de me tordre la cheville ! Y a pas d’échelle ?

- Si, là ! fit Raphaël en indiquant des marches d’échelle creusée dans le mur entre les couchettes.

L’homme avait un visage très sympathique et faisait une bonne tête de plus que Raphaël. Il disait s’appeler Malcom Mu-Sharon, était particulièrement de bonne humeur mais semblait obsédé par un bon petit déjeuner.

- Où sommes nous ? demanda à tout hasard Raphaël.

- Aucune idée ! gloussa l’autre en lui tournant le dos. Moi, tant que je n’ai pas déjeuné, c’est inutile de me questionner, je viens de vous le dire !

Obéron le suivit machinalement. Après tout, lui aussi avait faim et cela en dehors de toute mesure raisonnable.

- Je pourrais avaler un gork à moi tout seul, lui fit Malcom Mu-Sharon en souriant.

S’agissait-il d’une blague, d’une allusion à un animal imaginaire qu’il ne connaissait pas ou bien l’autre était-il sérieux quand il parlait de manger un " gork " ? La faim lui fit oublier cela et il rattrapa Mu-Sharon tandis que celui-ci arrivait au bout du couloir.

*