premiersdoutes-chapitre21

Premiers Doutes - Chapitre 21

Accueil - Sommaire - Chapitres : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59

Chapitre 21 - Malcom et Raphaël, le retour

21

Malcom et Raphaël, le retour

Revenant silencieusement vers leur " nid ", Raphaël et Malcom regardaient lentement chaque couchette.

Tout à l’heure, trop absorbés par l’idée de manger, ils n’avaient pas du tout prêté attention aux dormeurs. Raphaël n’aurait pu se souvenir d’un seul des visages qu’il avait croisé en cherchant comme Malcom à satisfaire son appétit.

Maintenant rassasiés, ils fouillaient chaque endroit du regard dans l’espoir de trouver une explication à leur présence dans ce lieu étrange.

Chaque couchette était identique à ses voisines exceptée, bien sûr, qu’elle contenait un individu différent.

La vitre qui protégeait les dormeurs renvoyait le reflet des plafonds éclairant, aussi, Raphaël colla-t-il son nez contre l’une d’entre elle afin de regarder attentivement à l’intérieur. Cela ne suffisait pas. Il mit alors ses mains de part et d’autre de son visage pour faire l’obscurité entre ce dernier et la vitre. Ce geste appela en lui une vision du passé. Isolé dans le vide de sa mémoire, elle ne l’éclairait en rien. Il se voyait faire le même geste : les mains collées perpendiculairement à une vitre teintée en oeillère autour du visage. Ce geste revécu devait avoir été fait il y a très peu de temps car le souvenir gagna en netteté tandis qu’il se reconcentra sur ce qui avait attiré son attention de l’autre côté de la vitre.

Malcom se rapprocha de lui et l’imita, faisant à son tour l’obscurité entre son visage et la paroi de verre pour observer le dormeur.

- Qu’est que tu regardes ?

- La fille qui est là derrière, bien sûr.

- Bof !

- Ça y est ! Alors toi tout de suite… Je ne la regarde pas pour son physique mais… enfin si, c’est pour son physique mais pas dans le sens de ta remarque ! Pff !

Malcom, se redressa de son presque mètre quatre-vingt-dix et haussa plusieurs fois très rapidement ses sourcils comme pour taquiner Raphaël.

*

Malcom, juché sur les avant-derniers renfoncements de l’échelle encastrée, inspectait son ancienne couchette. Son buste plongé dans la pénombre de son compartiment remuait lentement.

En bas, Raphaël regardait impassiblement les jambes de Malcom dans l’expectative d’un indice. Comme Malcom, il irait voir si sa couchette ne leur révélerait pas par hasard quelque élément de réponse mais pour l’instant, il guettait une réaction de son ami étonnamment silencieux.

- Alors ? fit-il impatient.

- Rien ! Ce n’est qu’une couchette toute simple ! On la referme en faisant coulisser verticalement la vitre latérale à l'aide de ce bouton.

- Ce n’est pas dur, il n’y en a qu’un !

- À l’intérieur oui !

- Et en dehors de ce bouton ?

- Rien d’autre qu’un matelas moulé pour recevoir un corps destiné à l’immobilité.

Raphaël fit une moue déçue.

- Ah si ! reprit Malcom, il y a cette trappe au-dessus du chevet. Je l’ai vu se refermer en me réveillant. Elle cache un truc qui s’est escamoté quand la vitre s’est relevée tout à l’heure. Dans les autres cabines on le voit encore sorti, c’est une sorte de canon visant la tête du dormeur. Aucune idée sur ce que ça fait là.

- Un inducteur de sommeil peut-être. Une sorte de machine à hypnotiser, que sais-je encore ?

- Sans doute. Pour nous avoir fait dormir si longtemps, il fallait bien un système artificiel. Mais comment expliquer notre réveil tandis que tous les autres dorment encore ?

- Ne bouge pas, je monte voir !

- Fais gaffe à pas nous flanquer pas terre !

- T’inquiète pas !

- Admettons que tu dises vrai, Raphaël, si ce système escamotable est bien un appareil à endormir, nous ne sommes pas plus avancés sur la raison de notre présence ici ! Que le bouton avec une spirale dessinée dessus abaisse ce bidule et le mette en route et que cet autre bouton fasse l’inverse ne nous apprend rien sur ce que nous voulons savoir !

Tandis que Malcom rouspétait, Raphaël semblait absorbé par un nouveau jeu : il n’avait cessé d’appuyer alternativement sur le bouton avec spirale puis le bouton avec une sorte de flèche vers le haut, de sorte que l’appareil " à endormir " allait et venait depuis sa cachette. Soudain, il se retourna vivement vers Malcom et s’écria avec tant d’enthousiasme que ce dernier faillit tomber à terre :

- Au contraire ! C’est bien un indice : cela signifie que les dormeurs ne peuvent s’endormir qu'à l'aide d'un tiers ! Nous avons donc été endormis par quelqu’un. Ce quelqu’un est peut-être même dans ce couloir et si c’est le cas, il a été à son tour endormi par un autre et ainsi de suite. De toute manière, si tous les engins à dormir sont ainsi fait, il y a quelque part quelqu’un qui ne dort pas !

- Nous voilà bien avancé en effet ! railla Malcom.

- Écoute, nous savons qu’il y a beaucoup de dormeurs ici et cela suppose donc une puissante infrastructure pour les maintenir ainsi endormis. Nous savons maintenant que ces dormeurs ont été mis en léthargie par un appareil qui ne peut-être actionné que de l’extérieur par un tiers. D’accord, pour l’instant nous ne savons pas pourquoi nous avons été mis ici et encore moins pourquoi nous sommes les seuls à être réveillé et amnésiques mais il y a ici quelqu’un qui ne dort pas et qui va nous le dire !

*

Obéron s’appuya à nouveau contre la paroi d’une couchette.

- C’est pénible, avec ces vitres en verre fumé, je distingue mal les visages qui sont de l’autre côté.

Cette remarque mit semble-t-il Malcom en ébullition.

- Alors pourquoi tu regardes à l’intérieur ? Qu’est-ce que t’espères trouver ? Un mot disant : " Patati patata, voilà pourquoi vous êtes ici ! "

- Je ne sais pas… J’ai eu un flash tout à l’heure. Alors, me suis-je dit, peut-être que l’un de ces visages va ranimer ma mémoire ! J’ai comme le pressentiment qu’il nous faut chercher partout. Le moindre indice peut nous être utile !

- J’en doute.

- Malcom ! Si nous n’avons pas d’indice de départ, comment veux-tu savoir la raison de notre présence ici ? Avec un indice, on peut émettre des hypothèses, déduire des faits et finalement trouver la clé de notre énigme.

- Mmmmh. Au fond tu as raison, mais regarde autour de toi, il y a 4 couchettes en hauteur, sur chaque face du couloir il y a 8 en longueur soit, rien que pour ce couloir soixante-quatre dormeurs !

- Non, soixante-deux !

- Qu’importe ! Tu oublies qu’il y a d’autres couloirs et qui sait s’il n’y a pas d’autres étages ? Tu ne vas tout de même pas tous les regarder ainsi !

- Bien sûr que non, ne fais pas l’idiot ! Seulement j’ai pensé à quelque chose en voyant ce nombre faramineux de dormeurs. Tu as parlé tout à l’heure de catacombes remplies de gens entre la vie et la mort.

- Et ?

- Les gens peuvent être " rangés " selon un ordre précis.

- Ce n’est qu’une supposition mais elle est intéressante. Poursuis !

Raphaël acquiesça d’un signe de la tête.

- Écoute ! Imagine que les personnes sont rangées selon un lien qui les unisse, un lien affectif ou logique. Si ces personnes se connaissaient avant de s’endormir, elles ont dû se placer côte à côte.

- Et si tout simplement, nous avions été rangés par âge ou selon n’importe quel autre critère purement administratif ?

- Non, s’il y a rangement, ce n’est pas selon notre âge. Vois ! Ce vieillard et ce jeune garçon juste en dessous de lui, et là, cette vieille femme. On croirait voir les grands-parents du gosse !

- Stop ! Tu m’as convaincu !

Raphaël Obéron gratifia Malcom d’un sourire.

- Alors nous n’allons pas regarder toutes les couchettes mais seulement les plus proches des nôtres !

- Ah… Je me disais bien… Tu m’as fait peur !

*

Raphaël redescendit de l’échelle qui montait à la couchette face à la sienne avec déception.

- Non, ni celle-là hélas. Aucune des personnes aux alentours ne me rappelle quoi que ce soit ! Il ne nous reste plus qu’à suivre ton plan !

- J’ai un plan moi ? s’étonna Malcom.

- Oui, explorer ce dortoir géant.

- Ah oui, O.K. en avant pour de l’explo !

*