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Premiers Doutes - Chapitre 33

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Chapitre 33 - Cétylien le vieux

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Cétylien le vieux

Les gradins de l’amphithéatre étaient presque combles lorque Paul-Raphaël rejoignit sa femme et Malcom. Il vint s’assoir en silence à côté d’eux, sur un coussin carré, plat et bordeaux comme toutes les toges du secteur d’amphi où ils étaient.

À sa droite, dans le secteur suivant, les coussins étaient vert-forêt tandis qu’à sa gauche, ils étaient couleur pêche. Ce vert-là n’était pas sa couleur préférée et il se félicita sans raison que les toges du groupe médical aient été bordeaux.

Bien que l’amphithéatre fût complètement plein, Obéron ne put s’empêcher de comparer celui-ci au tableau de Maccari illustrant la conjuration de Catilina*. Encore un souvenir d’une de ses surfing-visites au musée européen d’art d’Orléans. C’était un faux bien sûr, se rappela-t-il avec émotion, ce souvenir implanté lui plaisait finalement.

- Mes chers amis ! Mes chers amis ! s’éleva Cétylien, le vieux. Avant que la fête célébrant le succès de l’ouverture de l’Arche, il nous faut débattre aux sujets des initiations écolo-religieuses portées à l’ordre du jour.

Le débat aura naturellement lieu dans cette assemblée des toges… J’appelle à la tribune Tulliush…

*

Un coup de coude amical réveilla le pauvre Obéron que ces longs débats fatiguaient.

- Nous ne devons jamais oublier que la pyramide est le témoin de nos erreurs passées, déclarait Méter Laaxen. Transmettons le désir de paix par un rite initiatique à nos enfants afin que jamais ne soit oublié ce qu’on nous a fait et ce que l’homme d’où qu’il soit fait subir à la nature.

Ils se laissa aller à écouter les quelques applaudissements dans l’assemblée puis reprit :

- " Toi qui t’éveilles à la vie, que le siècle que ton âme traversera soit comblé de paix et d’amour pour ton prochain. " Voilà ce que j’aimerais entendre déclarer à chaque naissance ! C’est un rite ancien, " le baptême ", revu et corrigé à la jaazlénienne.

Si l’on m’en donne les moyens, je souhaiterais donc composer quelques nouveaux rites comme celui-ci afin que plus jamais un homme frappe un autre homme !

De nombreux applaudissements éclatèrent dans la salle et plusieurs " Bravo ! " jaillirent même de partout à la fois.

Aussitôt son discours terminé, de nombreuses voix souhaitèrent se faire entendre.

L’une d’elles dit à peu près cela :

- Au rang des nouvelles prières arcadiennes, incluez s’il vous plaît celle-ci :

" O’ Thagama, que mon âme n’abrite aucune pensée négative pour Humanité et Nature, et que toujours j’assure santé et prospérité à celles-ci. "

Obéron sourit, le discours du vieil homme partait d’un bon sentiment, mais cela ne faisait pas de lui un génie du mot. Ses phrases un peu gauches manquait de crédit.

L’autre poursuivait de sa voix rauque éteinte :

- Hier, j’ai rêvé que mes quatre enfants grandiraient sur une planète où l’éthnie n’aurait pas de conséquence, où chacun pourrait vivre en paix avec son prochain, goûtant des fruits de cette terre. J’ai rêvé d’une planète où…

L’ex-terrien ne put s’empêcher de sourire en constatant ce pseudo-plagiat inconscient du fameux discours de Martin Luther King. Et soudain il douta que le hasard avait encore joué de lui. Était-ce bien le hasard ?

- Nature est mon seul Dieu, Humanité ma seule conscience, Espace mon seul juge, conclut le vieux sage à la toge beige dans un tonnerre d’applaudissements qui sortit Raphaël Obéron du labyrinthe aux miroirs de cristal.

Une nouvelle nation non violente faisait ses premiers pas et bien malgré lui, Obéron sourit de cette quête d’Eden.

*