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Premiers Doutes - Chapitre 35

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chapitre 35 - Cocooning

35

Cocooning

Au fond de son transat, l’ex-professeur Obéron se laissait aller à quelques pseudo-réflexions philosophiques, bercé par les clapotis des eaux de la nouvelle piscine.

Elle avait été inaugurée la veille en grande pompe et l’eau qui l’alimentait provenait d’une rivière passant tout près de la pointe de la pyramide. Son eau était très vivifiante ; en fait Obéron le savait, c’était surtout parce qu’elle était complémentée en oligo-éléments nécessaires à leur santé.

En effet depuis que la transgénèse des jaazléniens avait eu lieu, le contact avec l’eau prenait un sens complètement différent.

L’ex-professeur Obéron n’en revenait pas de ce qu’il voyait autour de lui : des hommes transformés en chimères mi-animales, mi-végétales.

La subernation vaste transformation génétique de leur génome (dont la chlorophylisation des cellules faisait partie) avait permis non seulement de protéger les jaazléniens de la Bombe et de les faire dormir à l’état " végétatif " pendant quatre siècles mais surtout elle leur permettait maintenant de réduire considérablement les quantités journalières nécessaires en nutriments complexes au profit de plus élémentaires : CO2 de l’air, eau, oligo-éléments.

Les Jaazléniens étaient donc à présent presque indépendants des aléas imprévisibles de Thagama. Toutefois l’apport de glucides, protides et lipides resterait nécessaire du fait qu’il restait encore en eux une partie animale.

Un groupe de travail avait fait la veille une remarquable conférence à ce propos. Obéron savait que maintenant pour se nourrir il devrait régulièrement aller se baigner dans une piscine du type de celle qu’il avait devant lui. Aux périodes hivernales primaires et secondaires, l’apport en nutriments " classiques " serait renforcé et ils se nourriraient presque comme autrefois. Le groupe de travail " La subernation et ses conséquences " avait longuement épilogué sur cette alternance de phases animales/végétales qui se rythmerait leur vie à jamais et Obéron rêva un moment, repensant à ces vieilles images de science-fiction des années 50 qu’il avait découvert au club Hypernova.

Au fond, la subernation paradoxale, la Bombe sélective et tout le reste n’étaient que pure science-fiction pour l’ex-membre du club S.F. Hypernova et réalité incroyable pour l’arcadien Obéron !

Ces réflexions furent interrompues par l’arrivée de Mu-Sharon. Celui-ci portait une serviette sur l’épaule et ses jambes vert-foncé et poilues qu’on découvrait en dessous du short bleu juraient avec l’image de " beau mec " que s’était faite Obéron jusque-là. Pourtant il fallait le reconnaître, de nombreux regards féminins se tournaient en sa direction quand il vint vers lui encore dégoulinant d’eau énergisante. Grand, de beaux yeux, musclé et surtout bronzé vert !

Nul doute que ses séjours fréquents au soleil étaient responsables de sa pigmentation soutenue. Obéron sourit en pensant qu’il n’aurait jamais imaginé un jour avoir une marque de maillot vert clair pourtant c’était bien le cas !

Malcom lui fit un signe de la main et Raphaël le lui rendit. Enfin, son ami vint s’installer à ses côtés dans un des transats en bois blanc installés aux abords de la piscine.

- Tu devrais venir te baigner, elle est excellente !

- Non, merci, laisse tomber !

- Laisse tomber ? Encore une expression de là-bas, hein ?

Raphaël acquiesça.

- Ne le prends pas mal, mais je te trouve vraiment différent d’avant.

- Je le sais, je peux moi-même faire la comparaison maintenant. Je me souviens comment j’étais avant. Ce qui m’ennuie c’est que mes faux souvenirs de mon cyber-séjours sur Terre sont presque aussi précis que mes souvenirs de Thagama.

- Ne t’en fais pas, Jérémy m’a certifié que cela ne durerait pas.

- Je l’espère car je crois sinon que je vais devenir fou. Tu sais parfois il m’arrive de penser que je suis encore dans un monde irréel. Qu’ailleurs, quelque part, mon corps est sur un lit de R.A.O. et que tout ceci n’est qu’une vaste supercherie.

- T’as été voir le psy ?

- Ouais !

- Alors ?

- Elle dit que si nous étions dans un monde cybernétique, celui qui nous y plonge a de bonnes intentions car c’est un vrai petit paradis ici.

- Ça c’est vrai. Je ne vois vraiment pas l’intérêt qu’on pourrait à nous faire croire qu’on est au paradis.

- Je préfère ne plus parler de ça un moment si tu veux, car j’ai toujours explication à tout. Je ne voudrais pas prendre un mauvais chemin. Ne m’encourage pas à t’expliquer certaines choses.

- Alors viens te baigner si cette discussion est finie !

- Non, merci, je n’ai plus faim ! Je vais voir ce que fait Crystaléa.

*