Premiers Doutes - Chapitre 6

Premiers Doutes - Chapitre 6

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Miss Alkengia tire les fils.

Obéron poussa la porte battante située au pied de son amphithéâtre, transporté comme un acteur au tombé de rideau, pleinement satisfait de l’audience et de son jeu. Ses efforts récompensés, il se devait de rejoindre ses amis.

- Tiens, 11h51, aurais-je assez d’avance aujourd’hui pour être le premier au rendez-vous ? se dit-il en poussant la seconde porte de sortie anti-feu.

Raté ! Ils sont déjà là ! À croire qu’ils n’ont qu’une idée : manger !

Après l’habituelle et courte discussion à propos du restaurant du jour, les trois compères du C.R.C.N.P. se dirigèrent vers le restaurant universitaire U1.

En chemin, la conversation battait déjà son plein. Lock avait assurément le chic pour lancer des sujets " épineux " et Franck pour bondir dessus avec fougue comme un jeune chaton sur une boule de laine. En les regardant, heureux de vivre, Obéron songea avec plaisir qu’il avait de la chance d’avoir de tels amis.

La joie de Franck York fait plaisir à voir. Pour une fois, je ne suis pas fâché d’avoir tranché en sa faveur !

Soudain, Obéron interrompit la conversation de ses amis :

- Et merde ! fit-il en se frappant le front. J’ai encore oublié un de mes disques dans le lecteur laser du pupitre. - Quelle tête en l’air tu es ! Ah ! vraiment… - Il faut absolument que j’aille le chercher, ne m’attendez pas !

- Tu es sûr ? Vraiment ? demanda Gérald avec onction.

- Certain. D’autant que je viens de me rappeler que je devais voir un appariteur avant midi trente. Alors à plus !

D’ordinaire, les amphithéâtres étaient déserts à cette heure-là mais en rentrant par la porte du bas de l’amphi 17, Obéron ne fut pas étonné de surprendre une certaine Phoebé Alkengia affairée à genou sous son pupitre.

Celle-ci ne semblait pas l’avoir entendu revenir. Sa minijupe en daim prolongée de jolies jambes s’activait face à une trappe de visite entrouverte.

Avant d’arborer un large sourire narquois, Obéron se racla la gorge.

- Bravo Mademoiselle ! On fait des heures sup’ ?

La jeune fille aux cheveux blonds mi-longs se releva en catastrophe d’en dessous du pupitre. Ses yeux noisette cherchèrent désespérément dans l’amphi une réponse à donner.

- C’est très bien ! Au fait, vous ne chercheriez pas ceci par hasard ?

Les yeux complètement embarrassés brillèrent dans la pénombre. Ne sachant quoi faire, elle brossa la poussière de sa minijupe en daim et ramassa son ardoise électronique.

- Je me doutais bien que ceci était à vous, poursuivit Obéron qui venait de sortir de sa poche le cafteur.

- Ceci devait servir à pirater le signal holographique je suppose ?

Serrant son portable contre elle, la jeune fille acquiesça d’un hochement de tête.

- Cette histoire me déplaît particulièrement mais je suis prêt à passer l’éponge car j’ai justement besoin de vos talents. Venez donc chez moi ce soir ; vous connaissez mon adresse !

La jeune fille baissa les yeux. Elle ne semblait pas furieuse ou vexée d’avoir été surprise. En fait, elle avait plutôt l’air d’être ravie de voir que son professeur de charme était encore plus malin qu’elle.

La faible lumière qui tamisait l’amphi vide, faisait ressortir ses lèvres de profil. Celles-ci s’ouvraient quand le professeur intervint avec autorité.

- Pas un mot ! Dites-moi simplement si c’est possible de venir, ce n’est pas une obligation, c’est juste un service que je vous demande. Ce soir, chez moi, après huit heures ! Avant je ne peux pas…

- Oui Professeur, réussit-elle enfin à dire.

Comme pour vérifier sa victoire sur l’étudiante, Raphaël Obéron tourna la tête vers elle une dernière fois et quitta l’amphi par sa porte du bas.

*

Raph perçu depuis la cuisine les quelques coups sur la porte d’entrée bien avant que Gar ne s’adresse à lui.

Personne n’a sonné. C’est de l’Alkengia tout craché.

Sa montre marquait bien sept heure et demie.

Ajustant les pans mouillés de son peignoir, il entendit la voix étouffée de Gar dans le haut parleur de l’entrée murmurer :

- Bienvenue Mademoiselle Alkengia. Mon maître est à la cuisine et je vais le prévenir de votre arrivée.

Tandis que dans sa salle de séjour, Gar le " prévenait " effectivement, il ouvrit la porte à une ravissante jeune fille.

- Bonsoir… je ne vous attendais pas si tôt !

Un dernier rayon de soleil, filtré par le plexidôme du couloir d’entrée, redora les cheveux d’Alkengia qui voletaient dans le courant d’air.

Elle avança d’un pas, et poussant la porte du pied, l’embrassa.

Pas un instant Raphaël ne pensa à contrarier la jeune fille.

Elle savait ce qu’elle voulait, le faisait et il aimait ça !

Sans attendre la fin du baiser, elle passa sa main droite dans son peignoir et lui caressa les fesses lentement.

Phoebé ayant senti que leur propriétaire avait perdu tout pouvoir de résistance, poursuivit de plus belle. Parfaitement consciente qu’elle n’aurait jamais d’autre occasion d’aller aussi loin avec son prof de rêve, elle allait droit au but !

De sa main libre, elle fit donc glisser la fermeture éclair de sa minijupe en daim et laissa celle-ci chuter à ses pieds, laissant apparaître un slip de soie bordé de dentelles enfilé sur un porte-jarretelles fleuri assorti.

Sa main gauche alla chercher ensuite celle de Raphaël qui lui caressait les cheveux et l’amena dans son slip.

Cette main droite réagit rapidement comme il fallait tandis que sa soeur tentait de dégrafer à elle-seule le chemisier de soie blanche de Phoebé. Une main libre et fort secourable l’aida à cette tâche. Obéron se ravit de sentir qu’elle ne portait rien en dessous.

Le chemisier tomba à son tour. Comme un nouveau petit caillou, déposé par le petit-poucet sur le chemin qui allait de la porte d’entrée au canapé-lit.

Phoebé sentait le plaisir monter en Raphaël et l’entraîna avec fougue sur le lit encore défait.

Portant aussitôt ses lèvres à son sexe, elle obtint facilement de lui le pardon pour son audace matinale.

*

- Je vais sans doute passer pour un audieux profiteur mais ce n’est pas de ces talents-là auxquels je faisais allusion ce midi !

- Ouh ! Salaud !Pourquoi ne l’avoir dit plutôt ! fit-elle feignant la colère.

- Et rater cela ? conclut-il en sortant de dessous des draps le slip fleuri en soie bordé de dentelles noires.

Phoebé rit, se plaça à califourchon sur Obéron et lui vola un baiser.

Son visage se durcit. Ses pensées étaient ailleurs.

Il la prit par la taille, la fit basculer sur le côté et attrapa le peignoir qui gisait à terre depuis une heure environ. Il noua la ceinture autour de lui, se glissa sur la moquette et se retira vers la douche.

Obéron se gratta les cheveux pensivement et lança d’une voix élevée destinée à couvrir le bruit de l’eau :

- Est-ce que vous maîtrisez autant la télématique que la connectique ?

- On le dit, fit-elle laconiquement au milieu des clapotis. Un sourire malicieux apparut sur son visage : elle n’avait put se retenir d’imaginer son corps bronzé couvert de mousse. Cette simple évocation érotique l’avait excitée à nouveau.

- Alors c’est parfait. Nous ferons d’une pierre deux coups.

- Pardon ? Ai-je bien compris ? Vous voulez recommencer ? le taquina-t-elle.

Il eut un pâle sourire.

- Non, pas pour le moment. Ne croyez pas que ce n’était pas bien mais il faut que les choses soient claires entre nous. Je ne vous avais vraiment pas invité pour ça. J’ai eu tort de me laisser emporter. Vous êtes une fille délicieuse mais je suis contre les relations élèves-professeur de cette nature. (Enfin jusqu’à présent…)

- Vous n’avez pas aimé ? s’inquiéta-t-elle en exhibant sa nudité avec effronterie alors que Raphaël sortait de la douche.

- Si naturellement mais c’est une question de principe ! Je ne veux pas d’ennui, on pourrait m’accuser de harcèlement sexuel.

- Ah !

Sa moue montrait parfaitement qu’elle espérait une relation plus durable. Raphaël regretta amèrement de s’être laissé aller. Il avait adoré ce qu’ils venaient de faire là mais il détestait par ailleurs donner des illusions à quelqu’un, en particulier à une jolie fille.

- J’ai préparé de quoi faire des wimpies. Nous les mangerons en travaillant. Mon bureau est là. Attendez-moi, je reviens.

Phoebé enfila son chemisier de soie, et alla s’asseoir sur le siège ergonomique.

En attendant le retour de son professeur, elle s’amusa à faire pivoter de droite à gauche le fauteuil en le faisant grincer le plus possible. Cherchant à en apprendre un peu plus sur Raphaël au travers de sa salle de séjour, son regard se promena avec curiosité sur tout ce qu’elle contenait.

La jeune femme replia ses jambes nues et s’accroupit sur le fauteuil. Prenant appui sur le bureau, elle se donna de l’élan pour se faire pivoter complètement.

- Tiens ? Vous faites de l’antécorrespondance ? Vous ! déclara-t-elle alors qu’il revenait de la cuisine, des wimpies sur un plateau.

- C’est pour cela que je vous ai fait venir. J’ai saisi une conversation que vous aviez avec Cynthia ou Kloé, je ne sais plus. J’ai compris que vous étiez une antécorrespondante de haut niveau.

- Vous épiez nos conversations maintenant ? dit-elle flattée.

- Vous étiez au pied de l’amphithéâtre, j’attendais les retardataires. Échapper à votre conversation m’eut été difficile.

- Ne vous justifiez pas, j’ai horreur de ça. Ainsi vous aviez réellement besoin de mes connaissances en connectique…

Obéron hocha de la tête.

Constatant qu’elle ne portait rien d’autre que son chemisier, il attrapa sa robe de chambre et lui tendit.

- Vous allez attraper froid. Ma climatisation fait du zèle.

Un peu déçue de ne pouvoir s’exhiber devant lui, elle enfila le vêtement avec une extrême lenteur.

- Pourquoi ne demandez-vous pas conseil auprès de Gérald enfin je veux dire du professeur Lock ? Je le crois meilleur que moi dans ce domaine.

- Je ne tiens pas à ce qu’il en sache trop. Il a la langue trop bien pendue. Et puis j’aime le laisser croire que je peux me débrouiller sans lui dans ce domaine.

Phoebé Alkengia haussa les sourcils. Décidément, elle ne comprendrait jamais les hommes.

- De toute façon, c’est votre problème. Et ce n’est pas moi qui me plaindrai.

- Je suis content que vous le preniez comme ça.

- Qu’est-ce que vous voulez savoir au juste en connectique ?

- D’un bon cours particulier de télématique, d’un bon programme de protection de ma B.A.L.T., et d’un snooker de com’, entres autres !

- Pour ce qui est des prog’, j’ai tout ce qu’il vous faut mais c’est chez moi, lui sourit-elle.

- Je suppose qu’on peut le télécharger d’ici, non ?

- Oui, soupira-t-elle.

Obéron ne put réprimer un sourire amical.

- Je serais curieux de savoir si vous êtes capable de connecter Gar à des banques de données " non publiques ". Ça pourrait m’être utile d’interroger plusieurs métanets en toute discrétion.

- Bien entendu ! Par quelle base commençons-nous dit-elle les yeux brillants ?

- Celle de la chambre syndicale des éditeurs de jeux de rôles et de jeux vidéo, l’antimail chamber et la base du Forbidden Planet Fanclub.

Elle lui vola un baiser la joue.

- C’est bien parce que c’est toi qui me le demande !

Obéron, mal à l’aise essaya de détourner la conversation. Il saisit un autre Wimpie et invita son invitée à faire de même.

- Prenez autant de frites que vous voulez, j’en ai encore à la cuisine, conclut-il la bouche pleine.

*